Retour des haïkus!
Mes haïkus du quotidien. Comme d’habitude, tous les textes sont Tous droits réservés © Julie Turconi (utilisation ou reproduction interdite sans l’autorisation de l’autrice). Merci!
L’automne se retire doucement, sur la pointe des pieds. Le froid descend sur la ville et enveloppe le monde. C’est le temps des feux de cheminée, des tisanes et des chocolats chauds, des sorties revigorantes, des lumières rasantes et du dépouillement des arbres. La neige, elle, se fait encore désirer, tombant par petites touches, ici et là, hésitante. Je retrouve le goût de marcher dans les parcs urbains, emmitouflée de silence et de laine.
gelée matinale
sur les eaux du lac
un frisson
silence des bois
dans l’air glacé mon souffle
me trahit
heure bleue
des perles de glace
sur les graminées
flammes dansantes
dehors la neige craque
de froid
C’est aussi, parfois, le temps de l’hésitation. Entre pluie et neige, la météo me permettra-t-elle d’aller donner mes cours de Tai Ji à vélo? Entre sloche et verglas, dois-je enfiler mes bottes d’hiver pour aller marcher? Le temps oscille, suspend son élan, pour mieux filer ensuite vers l’avant. Un instant de grâce entre deux saisons, entre deux vertiges.
dimanche glacial
je travaille mon équilibre
à vélo
pluie mêlée de neige
dans le sous-bois des traces
de renard
Le Matou, lui, s’en moque. Laisser – ou non – une marque de son passage sur la terre ne l’incommode guère. Il sait bien que tout n’est qu’éphémère et que rien ne dure jamais plus longtemps qu’un souffle. Qu’une vie. Ou une mort.
neige au sol
le chat laisse des traces
de son passage
craquements
de mes bottes sur la neige
rien ne bouge
Le vent lui-même s’apaise et se laisse, pour un temps, apprivoiser. Un souffle léger m’accompagne et le bruit de mes pas sur le sol gelé, blanc par endroits, vient, seul, troubler la paix de l’instant. Collé contre un tronc, un écureuil transi m’ignore, tout occupé qu’il est à chercher la chaleur du soleil.
Plus loin, une belle rencontre m’attend.
mouvement furtif
du coin de l’œil j’aperçois
la renarde
Le cœur en joie, je rentre me mettre au chaud.