Haïkus du 26 novembre

Tous les textes sont Tous droits réservés © Julie Turconi (reproduction ou utilisation interdite dans l’autorisation de l’autrice). Merci!

L’hiver s’en vient doucement sur la ville et veut nous faire croire à son arrivée hâtive en cette année déjà bien chamboulée… jusqu’à ce que l’automne se rappelle à lui et que la pluie vienne diluer toute cette blancheur pour ne plus laisser que le gris triste du béton. L’inverse d’une lessive réussie, pourrait-on dire! Mais l’hiver n’a pas dit son dernier mot, et le combat va pouvoir se poursuivre dans les prochaines semaines. Attachez vos tuques, ça va brasser!

douceur des flocons
sur le bout de ma langue
le goût des larmes

Sont-ce des larmes de tristesse ou de mélancolie, bouffée d’un trop-plein qui parfois déborde pour recréer un certain espace intérieur, ou des larmes de froid provoquées par les assauts d’un petit vent piquant et insistant?
Le chat, lui, a tranché : ce maître du zen fait de la luminothérapie dans les flaques de soleil qui dégoulinent dans le salon, mouvantes comme des sables… ou des tournesols.

le matou couché
dans une flaque de soleil ~
dehors, la neige

Les températures chutent, le silence tombe sur la ville enveloppée de ouate. Seuls des claquements, grincements et autres gémissements viennent troubler cette nuit glaciale, et la charpente en bois de notre maison se joint au chœur des arbres transis sans hésitation.

craquements du gel
dans la nuit glaciale ~
un gâteau au four

Ah, la douceur d’une bouchée légèrement sucrée, chaude et moelleuse comme une épaisse couverture, réconfortante comme une main qui prend la mienne, insouciante comme une enfance rieuse, apaisante comme un feu de foyer!
Mais le surlendemain, tout est déjà (presque) fini. L’hiver est mis sur pause temporaire par un automne sonné, mais pas encore K.O. Il en faudra un peu plus pour le mettre à terre…

le ciel pleure
sur la neige fraîche ~
les trottoirs salés

Salés comme le goût des larmes, comme la soupe de ce soir, comme la sueur sur la peau, comme un bon bain chaud. Les étoiles brillent dans la nuit, le temps s’étire et se dilate, le sommeil me fuit et le petit hamster qui court dans ma tête refuse d’entrer en hibernation. Les moutons gambadent par milliers, l’araignée au plafond m’observe avec circonspection (est-elle dans ma tête?) et toute cette ménagerie me perturbe.

du coq à l’âne ~
un automne bipolaire
décline le temps

La nuit m’avale enfin.

   



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