Mes haïkus hebdomadaires – ou presque!

Comme d’habitude, tous les textes et poèmes sont Tous droits réservés © Julie Turconi (reproduction ou utilisation interdite sans l’autorisation de l’autrice).

Jour de pluie en ville, en plein mois de novembre, quand tout est déjà gris autour de nous, ou brun sale. Une journée un peu déprimante si ce n’était ce vent qui éveille les sens. Un vent fou, un vent joueur, qui tourne et qui vire, qui tombe et qui repart aussitôt, revigoré… Les lampadaires s’allument tôt, trompés par cette fausse noirceur, cette ombre qui se glisse partout.
Et toujours, malgré tout, les bruits de la ville.

jour de pluie ~
des éclats de lumière
parsèment la haie

le vent surfe
sur la crête des arbres ~
le bruit des pépines

Le lendemain, on parle plutôt de tempête automnale, quand pluie, grésil et vent se conjuguent pour nous rappeler avec véhémence que nous sommes bien peu de choses sur cette terre : des rafales à décorner les orignaux, les trottoirs mouillés constellés de feuilles brunes et jaunes qui brillent sous les feux des lampadaires, la nuit qui tombe avec lourdeur, sans hâte mais implacablement, pour recouvrir le monde jusque dans ses fissures, les nuages qui défilent tout là-haut, laissant parfois une trouée les surprendre dans leurs manœuvres, fugitif aperçu de la voûte céleste en pointillés lumineux… Un temps à ne pas mettre un chat dehors. Je n’ai plus qu’à ouvrir les bras pour m’envoler! Ou à rentrer me mettre au chaud.

entre chien et loup ~
sous mes pas le reflet
des étoiles

jour de tempête ~
dans la casserole
l’eau frémit

Quelques jours plus tard, c’est un avant-goût d’hiver qui arrive subrepticement au creux de la nuit pour mieux figer le paysage. L’air, soudain, est vif, la peau brûle de froid, le silence se fait dans les bois. Hommes et bêtes se terrent, pelotonnés, emmitouflés qui d’un coton ouaté ou d’une couverture, qui d’une couche de poils ou de plumes… C’est le temps idéal pour aller marcher ou pédaler et laisser l’effort physique nous réchauffer, nous alléger, nous porter.
Mon souffle dessine des formes organiques, presque vivantes, dans l’air glacé. Ces créatures éphémères, porteuses d’un morceau de mon âme, cherchent-elles à me dire quelque chose?

matin immobile ~
brûlures de l’air glacé
dans mon nez rougi

frissons de givre ~
le mercure grelotte
bien loin sous zéro

gelée blanche ~
sous mes bottes la terre
crisse et craque

un silence feutré
m’accueille dans la forêt ~
l’hiver à nos portes

L’hiver, c’est l’arrivée du froid, du gel et de la neige, mais c’est aussi le temps du réconfort. La saison parfaite pour le coucounage. Une bonne tisane, un bain chaud, un livre. Et quel plaisir, le soir, d’allumer le poêle à bois et de contempler les flammes danser puis les braises rougeoyer jusqu’à la toute fin, comme un lointain écho d’étoiles.

dernières lueurs
au fond du poêle à bois
naissance d’une étoile

La nuit emporte mes pensées, le sommeil accueille de nouveaux rêves. Demain est un autre jour.



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