Haïkus de fin d’été

Mes haïkus du quotidien. Comme d’habitude, tous les textes sont Tous droits réservés © Julie Turconi (utilisation ou reproduction interdite sans l’autorisation de l’autrice). Merci!

L’approche de la rentrée scolaire présage la fin de l’été, même si le calendrier nous affirme tout autre chose et si la canicule des dernières semaines a donné un air de juillet au mois d’août, d’habitude plus circonspect, plus indécis quant à son appartenance au plein été.

pas un souffle d’air
somnolence du chat
près de la fenêtre

La ville cuit sous les rayons d’un soleil omniprésent, les îlots de chaleur n’ont jamais aussi bien porté leur nom et la pollution semble densifier l’air ambiant, immobile et stagnant. Un air dormant comme une eau croupie, vicié et délétère.

des ondes de chaleur
s’élèvent du bitume
la ville enfumée

soleil voilé
par la fumée des incendies
les larmes aux yeux

Pourtant, certains trouvent encore la force de bouger.

petit matin
la chaleur ne cloue pas le bec
des corneilles

Il y a même des animaux ravis de cet épisode météorologique qui n’en finit plus : les cigales caniculaires, ces insectes au « chant » puissant, sans commune mesure avec leur taille, pullulent. Le jardin semble entouré de lignes électriques bourdonnantes et stridentes qui me vrillent les tympans. Vous ai-je dit que je supportais très mal la chaleur couplée à l’humidité?!

chaleur étouffante
une cigale zigzague
entre les fleurs

dîner au jardin
une cigale croustille
sous la dent du chat

vrombissement
une cigale tressaute
sur le trottoir

Mais pour elles comme pour l’été, c’est bientôt la fin. En attendant, je fonctionne au ralenti et je reste éveillée tard, le soir, toutes fenêtres ouvertes pour tenter de capter la moindre brise d’air. Le chat s’étale de tout son long sur le plancher, lui aussi à la recherche d’un peu de fraîcheur. Je contemple pour la énième fois nos photos de vacances au bord de l’eau, et je laisse le chant des grillons m’apaiser.

soleil tapant
je cherche la fraîcheur
au bord de l’étang

photos de vacances
la fraîcheur éphémère
des souvenirs

jeux d’eau
l’insouciance des enfants
en fin d’été

Le sablier du temps continue de s’écouler et la chaleur finit par tomber d’un seul coup, juste à temps pour la rentrée, ce « retour à l’école » que certains appréhendent et d’autres attendent avec impatience. Pour moi, c’est surtout la reprise des cours et des activités artistiques.

rentrée scolaire
le magasinage effréné
des parents nerveux

pluie et fraîcheur
un retour à l’école
bienvenu

Cette période charnière, la toute fin du mois d’août, est le début d’une sorte d’entre-deux, une saison à part entière qui vient créer un pont entre deux personnalités bien affirmées : un pied dans l’été, un autre dans l’automne qui s’en vient. Les nuits fraîchissent, redonnant un peu de vigueur à mon corps assommé par la fournaise estivale. Je ne récupère plus aussi vite qu’avant (je vieillis!), et je ne suis pas la seule. Alentours, les arbres, épuisés par la chaleur et le manque d’eau, commencent déjà à laisser tomber leurs atours racornis et ternis…
Dans le potager, les derniers légumes, ceux que les écureuils ne m’ont pas volés, mûrissent doucement.

petite tenue
les tomates rougissent
l’une après l’autre

Une ancienne malédiction chinoise ne dit-elle pas : « Puissiez-vous vivre des temps intéressants »? Ces derniers mois, avec leurs canicules, leurs incendies, leurs sécheresses et leurs inondations, leurs ouragans et leurs cataclysmes… l’auront pour le moins été, non?
Parfois, quand la nuit tombe doucement, refermant le rideau sur un autre jour, me revient en tête cette citation prémonitoire de Sarah Connor, face à une route qui défile vers un avenir incertain : « Si une machine, le Terminator, peut comprendre la valeur de la vie humaine, peut-être le pouvons-nous aussi… »
On ne peut que le souhaiter.

heure de la sieste
un vent d’orage souffle
sur la ville

       

   



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