Questionnement (non existentiel)

Je viens tout juste d’envoyer un dossier pour une résidence en arts visuels. Comme toujours, il faut expliquer sa démarche, son projet et trouver les mots pour tenter de convaincre un jury anonyme qu’on est LA personne à choisir, celle qui « mérite » plus que les autres… C’est fatigant. Mais cela provoque aussi une nécessaire réflexion. Je ne peux m’empêcher, par exemple, de me questionner sur ma carrière. En ai-je vraiment une, pour commencer? Oui, je fais de l’art sous de multiples formes, je le partage, je l’expose, je le publie, mais est-il vraiment vu? Est-il suffisamment vu, par les « bonnes » personnes ou institutions, et suffisamment dans l’air du temps ou techniquement intéressant pour justifier l’octroi d’une bourse de résidence à l’étranger? Un électron libre, comme moi, qui ne fait pas vraiment partie d’un milieu ou d’une discipline en particulier, est-il « digne » de cet argent?
Mon art ne cherche pas à provoquer ni à révolutionner le monde, mais à offrir du beau et du doux, à faire ralentir et ressentir. Parce que je crois que c’est ce qui manque le plus à l’humanité : cette connexion avec soi-même, pour pouvoir se connecter au monde alentour; ce ralentissement, hors de la frénésie de la vie quotidienne et des charges que l’on se met bien souvent soi-même sur les épaules ou que la société nous pousse à prendre; ce regard empathique et bienveillant sur soi-même autant que sur autrui. Dans une société où il faut toujours aller plus vite, plus loin, plus fort (et plus sensationnaliste), quelle est la place d’une artiste comme moi?
Pas d’inquiétude, ce sont juste des questions qui émergent du processus et qui me poussent à réfléchir, mais je ne vais pas arrêter pour autant de faire de l’art ou changer qui je suis pour plaire à qui que ce soit! Je suis bien trop vieille pour ça… 😉
(Un peu d’ironie ne fait pas de mal, puisque notre société est aussi bien souvent coupable d’âgisme)
Vous qui m’avez lue jusqu’ici, que pensez-vous de tout cela?

(image Pixabay – j’ai un peu l’impression de retourner sur les bancs de l’école!)



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